OMS / Yoshi Shimizu
Parents and their newborn baby at Davao Regional Medical Center (DRMC) Care for the Small Babies, in Philippines.
© Photo

Selon un rapport de l’OMS et de la Banque mondiale, la plupart des pays progressent vers la mise en place de la couverture sanitaire universelle, mais il reste encore d’importants défis à relever

6 décembre 2025
Communiqué de presse
Tokyo/Genève

Un nouveau rapport conjointement élaboré par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Groupe de la Banque mondiale révèle que, depuis 2000, la plupart des pays – toutes régions et tous niveaux de revenus confondus – progressent de manière concomitante pour ce qui est d’élargir la couverture des services de santé et de réduire les difficultés financières dues aux dépenses de santé. Ces deux indicateurs constituent le fondement de la couverture sanitaire universelle (CSU), un engagement mondial visant à ce que chaque personne, où qu’elle se trouve, puisse accéder aux soins dont elle a besoin sans rencontrer de difficultés financières d’ici à 2030. 

Le rapport mondial de suivi de la CSU 2025 montre que la couverture des services de santé, mesurée par l’indice de couverture des services en vue de la CSU, est passée de 54 à 71 points entre 2000 et 2023, tandis que le pourcentage de personnes confrontées à des difficultés financières dues à des dépenses de santé directes importantes et appauvrissantes est passé de 34 % à 26 % entre 2000 et 2022. 

Le rapport souligne toutefois que les populations les plus pauvres continuent d’être les plus durement touchées par les coûts de santé inabordables, qui entraînent 1,6 milliard de personnes dans une pauvreté encore plus marquée. Au total, on estime que 4,6 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès aux services de santé essentiels et que 2,1 milliards de personnes rencontrent des difficultés financières pour accéder aux soins de santé, y compris les 1,6 milliard de personnes qui vivent dans la pauvreté ou qui sombrent encore plus profondément dans la pauvreté à cause des dépenses de santé. 

« La couverture sanitaire universelle est l’expression ultime du droit à la santé, mais le rapport montre que, pour des milliards de personnes qui ne peuvent pas accéder aux services de santé dont elles ont besoin ou se permettre ces services, ce droit reste hors de portée », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Alors que l’aide internationale subit des coupes drastiques, il est temps pour les pays d’investir dans leurs systèmes de santé et de protéger la santé de leurs populations ainsi que leurs économies. L’OMS est là pour les aider. » 

On parle de difficultés financières liées à la santé lorsqu’un foyer consacre plus de 40 % de son budget discrétionnaire aux dépenses de santé directes. Le coût des médicaments est un facteur majeur de difficultés financières : dans les trois quarts des pays disposant de données, les médicaments représentent au moins 55 % des dépenses de santé directes. La charge est encore plus lourde pour les personnes vivant dans la pauvreté, qui consacrent 60 % (médiane) de leurs dépenses de santé à l’achat de médicaments, ce qui les empêche d’utiliser leurs maigres ressources pour satisfaire d’autres besoins essentiels.  

Bien que le fardeau des dépenses de santé directes repose principalement sur les personnes les plus pauvres, il touche également les segments plus aisés de la population, qui consacrent une grande partie de leur budget aux dépenses de santé, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire où cette catégorie de la population est en pleine croissance. 

Sans avancées plus rapides, une couverture complète mettant à l’abri des difficultés financières restera hors de portée pour beaucoup : l’indice mondial de couverture des services en vue de la CSU devrait atteindre seulement 74 personnes sur 100 d’ici à 2030, ce qui signifie que près d’une personne sur 4 dans le monde rencontrera encore des difficultés financières à la fin de la période couverte par les objectifs de développement durable (ODD). 

Des progrès encourageants dans les pays à faible revenu où les écarts sont les plus grands 

Même si l’évolution est positive, le taux de progrès mondial a ralenti depuis 2015 : seulement un tiers des pays réussissent à la fois à élargir la couverture sanitaire et à réduire les difficultés financières. Toutes les Régions de l’OMS ont élargi la couverture des services, mais seulement la moitié – Afrique, Asie du Sud-Est et Pacifique occidental – ont également réduit les difficultés financières. Les pays à faible revenu ont progressé le plus rapidement dans ces deux domaines, mais ils présentent aussi les plus grands écarts. 

L’élargissement mondial de la couverture des services de santé a été largement favorisé par les avancées réalisées dans les programmes de lutte contre les maladies infectieuses. La couverture pour les maladies non transmissibles (MNT) s’est améliorée de manière constante, alors que les progrès en santé reproductive et en santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant ont été modestes. 

Le rapport indique que l’amélioration de l’assainissement a permis de progresser dans la couverture des services. En parallèle, la croissance économique inclusive, la hausse des revenus et le renforcement des mécanismes de protection sociale ont favorisé la réduction de la pauvreté, en particulier dans les pays à faible revenu, contribuant ainsi à la réduction des difficultés financières. Cependant, les dépenses de santé sont de plus en plus souvent une source de difficultés financières chez les personnes les plus pauvres. 

Des inégalités de plus en plus marquées 

En dépit des progrès réalisés, les inégalités et les écarts persistants sont en hausse. En 2022, 3 personnes sur 4 parmi les plus pauvres ont rencontré des difficultés financières dues à des dépenses de santé, contre moins d’une personne sur 25 parmi les plus riches. 

Les femmes ainsi que les personnes pauvres, vivant en milieu rural ou moins éduquées ont déclaré rencontrer plus de difficultés pour accéder aux services de santé essentiels. L’écart entre les femmes des quintiles les plus riches et les plus pauvres s’est légèrement réduit, passant d’environ 38 à 33 points de pourcentage au cours des 10 dernières années. Même dans des régions hautement performantes comme l’Europe, les groupes vulnérables – y compris les plus pauvres et les personnes handicapées – continuent de faire état de besoins de santé non satisfaits. 

Ces conclusions sont probablement une sous-estimation de l’ampleur réelle des inégalités en matière de santé, car les groupes les plus vulnérables – comme les populations déplacées et les personnes vivant dans des zones d’habitation informelles – sont souvent absents des sources de données utilisées pour suivre les progrès réalisés en vue de la CSU. 

Action à mener d’ici à 2030 

Il est essentiel d’atteindre l’objectif de la CSU d’ici à 2030 pour concrétiser le droit humain à la santé. Alors qu’il ne reste plus que cinq ans pour réaliser le programme des ODD, il est urgent d’agir pour stimuler les progrès. Le rapport souligne le rôle crucial que joue l’engagement politique dans chaque pays et dans chaque communauté, et appelle à l’action dans six domaines clés : 

  • garantir la gratuité des soins de santé essentiels sur le lieu de prise en charge pour les personnes vivant dans la pauvreté et en situation de vulnérabilité ;
  • développer les investissements publics en faveur des systèmes de santé ;
  • s’attaquer aux dépenses directes en médicaments ;
  • permettre un accès plus rapide aux services essentiels de prise en charge des MNT, d’autant plus que la charge de ces maladies augmente ;
  • renforcer les soins de santé primaires pour promouvoir l’équité et l’efficacité ; et
  • adopter des approches multisectorielles, sachant que les déterminants de la santé et les facteurs favorisant la CSU dépassent le secteur de la santé. 

Note aux rédactions 

L’édition 2025 du rapport mondial de suivi de la CSU correspond au premier suivi de la CSU effectué sur la base des indicateurs révisés des ODD pour la couverture des services de santé (ODD 3.8.1) et les difficultés financières (ODD 3.8.2), mis en place en 2025. Se fondant sur les indicateurs révisés et la reproduction des séries chronologiques complètes, le rapport présente les tendances mondiales et régionales en matière de couverture des services entre 2000 et 2023, sur la base des séries chronologiques de 195 pays ou territoires, ainsi que les tendances mondiales et régionales en matière de difficultés financières entre 2000 et 2022, sur la base des séries chronologiques de 168 pays. Plus d’informations sur la page consacrée à la couverture sanitaire universelle 

Le rapport sera présenté lors du Forum de haut niveau sur la CSU, organisé conjointement par le Gouvernement japonais, le Groupe de la Banque mondiale et l’OMS, à Tokyo, au Japon. Ce forum sera également l’occasion d’inaugurer officiellement le Pôle de connaissances sur la CSU à Tokyo, créé par l’OMS et le Groupe de la Banque mondiale avec le soutien du Gouvernement japonais. Le Pôle de connaissances propose des programmes de renforcement des capacités à l’intention des ministères de la santé et des finances, dont l’objectif est d’appuyer les réformes du financement de la santé. Plus d’informations sur la page consacrée au Forum de haut niveau sur la couverture santé universelle (CSU) 

L’OMS, le Groupe de la Banque mondiale, le Partenariat mondial pour la couverture sanitaire universelle (CSU2030) et le Réseau d’apprentissage conjoint pour la couverture sanitaire universelle organiseront un webinaire technique intitulé « Suivi de la couverture sanitaire universelle : rapport mondial de suivi 2025 » le 8 décembre 2025, de 8 h 00 à 9 h 30 (heure d’hiver de New York) | de 14 h 00 à 15 h 30 (heure d’Europe centrale). Vous pouvez suivre le webinaire en utilisant ce lien (code d’accès : .W1MJT=@r3).